jeudi 23 juillet 2009

Mlle ciguë n'écrit plus... Et pourquoi donc ? Il y a peu, je m'amusais d'un homme titubant que je laissais traverser devant ma voiture. Histoire de faire illusion, il s'était redressé (trop_ Encore un peu et il basculait en arrière), avait tenté de fixer le trottoir d'en face... Il était saoul, pas de doute. Ces bras, remuant à contre rythme de ces jambes de part et d'autre de son gros ventre, me confortaient dans mon idée. J'en riais avec l'Homme. Il me dit que je devrais en faire un billet, que ça fait longtemps que je n'ai rien écrit et encore plus longtemps sur ce ton là. Il a raison. Je n'écris plus. Il y a plusieurs raisons à ça. Voici les deux principales :

D'abord, mon ordi m'a lachée. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, écrire, ce n'est pas simplement s'installer devant l'écran et taper sur un clavier. Pour moi, c'est m'installer confortablement dans MON fauteuil, devant MON ordinateur, avec MA configuration de clavier, MA musique, MON chat sur les genoux. Je dois pouvoir faire un (arobas), un = (tiret), un _ (point d'exclamation) comme je veux. Bien que l'Homme travaille dessus et fasse tout ce qui est en son pouvoir, on y est pas encore. Je voudrais récupérer MES photos, MA musique... Je voudrais récupérer MON univers, celui ou je me réfugie quand le moral n'y est pas.

Et ça, c'est la deuxième raison, le moral. Cette saloperie de moral. Un jour ça va, le lendemain, il a disparu. Enfin, pas tout à fait, il est bas... très bas... si bas que je ne le vois plus.
Il y a des périodes de la vie qui sont sympas. On ne se pose pas de questions, elle coule toute seule sans qu'on y fasse attention. Et puis des fois c'est une vraie saloperie.
Tout devrait être bien, vous avez un compagon de route, un boulot, des amis... sauf que vous n'avez plus d'argent. Vraiment plus rien. Le jour ou votre salaire tombe, il part directement dans le loyer, l'électricité et le gaz, les courses (le stric minimum hein, faut pas déconner...) et le soir même, votre compte est à zéro. Pas à vingt euros, pas à dix euros, à zéro euros. Et vous savez qu'une trentaine de jours vous séparent de la prochaine rentrée... qui resortira aussi vite. Fini les sorties avec les amis, fini l'apéro, fini le ciné, fini les concerts, fini les restos, fini le sandwich du midi, fini les bons petits plats, fini l'achat sur un coup de tête, fini les cadeaux pour le compagnon de route... On met de moins en moins de tabac dans ses cigarettes, de moins en moins de beurre dans ses pâtes. On sait qu'il faudra payer l'assurance de la voiture, celle de l'appart, les impots mais il ne reste quasi rien sur le compte épargne. Et le peu qui reste, c'est pour les 'coups durs'.

A partir de quel moment on peut estimer qu'on est dans un 'coup dur' ?
Quand on a revendu, pour une somme dérisoire, tous ces cd's, ces dvd's, ces livres ? Quand ça fait des mois que la situation pourri un peu plus chaque jour ? Quand il n'y aura plus de beurre avec les pâtes ? Quand on saisira la voiture ?
Ou alors, quand le compagnon de route sera reconduit manu=militari à la frontière ? Ah je ne vous ai pas dit ? On lui refuse son permis de séjour. Ben oui, il a bien une tête de terroriste, non ?

Ou bien quand on vous refuse, par jalousie, ces vacances qui vous aéreraient la tête, vous feraient sortir de ce quotidien si laid ? Ah je ne vous ai pas dit ? Ma boss (extraordinaire boss...) m'avait donner mes congés payés en avance, avait postposée ces vacances pour que je puisse partir dans la maison de mon père dans le sud de Fance. J'avais l'accord de la famille. On devait passer deux semaines au soleil. Au dernier moment, sous prétexte de travaux, les vacances sont annulées. Vous en connaissez beaucoup vous des ouvriers du batiment qui travaillent les deux premières semaines d'aout ? Justement quand on devait y aller ? Alors qu'au mois de juillet la maison est habitable (justement quand la famille est libre) ?

Alors, même si tout ça ne remet nullement en question l'amour que vous portez à votre moitié, inestimable, immuable, inégalable moitié, ça épuise, ça use, ça mine... Mlle ciguë n'a plus envie d'écrire pour l'instant. Mlle ciguë se recroqueville sur elle=même. De toute façon, même si elle voulait se changer les idées, elle n'a plus les moyens de le faire...