mardi 20 janvier 2009

Réponse à Monsieur Poireau, et aux autres...

J'ai lu le billet de Monsieur Poireau 'Le suicide [ceux qui restent]'. Titre évocateur s'il en est! J'ai voulu commenter et je me suis retrouvée avec une vingtaine de lignes, comme ça, comme pour rien. Alors, j'ai écrit: 'No comment'. Mais en fait, si. 'Comment' ! A tel point le 'comment' que j'ai décidé d'en faire, à mon tour, un billet. C'est assez rare que je parle vraiment de moi sur ce blog. Parfois ça m'arrive. C'est le cas ce soir.


Une distinction d'abord. Entre une tentative de suicide, sorte d'appel au secours adressé à un/des tiers et un suicide -réussi ou non- dont l'intention est bien de mourir. Il n'est adressé à personne en particulier. C'est simplement le besoin d'en finir au plus vite. A mes yeux, il n'y a pas une catégorie 'plus grave' que l'autre. Elles sont simplement différentes. Dans son billet, je présume que Monsieur Poireau parle de la seconde catégorie. En connaissance de cause, je voudrais lui répondre, vous répondre, du mieux que je peux.


Quitte à en faire hurler plus d'un, je reste convaincue que le suicide peut être une solution. Comment vous l'expliquer si vous ne l'avez pas vécu dans votre chair ? Comment faire comprendre à ceux qui restent qu'à un moment, c'est trop ? Qu'ils n'y sont pour rien. C'est trop, c'est tout...


L'espoir avait disparu depuis longtemps. Je ne vivais plus, je survivais tout juste. Il y avait, au plus profond de moi, une telle rage, une telle haine du monde, des gens, mais surtout de moi-même. Je n'avais plus aucune considération ni pour mon esprit, ni pour mon corps. Non, ça allait beaucoup plus loin que ça. Je haïssais cet esprit assassin, sans cesse en questionnement mais incapable de trouver des réponses. Et de même, je haïssais ce corps, cette entrave, douloureuse, malade, mortifère. La vie, ma survie, était une guerre ouverte entre moi et moi. Un enfer.


Quand je sentais que le 'trop' devenait insoutenable, je m'organisais des nuits 'petit bonhomme rouge' - en référence au Johnny Walker-. J'écrivais, j'écoutais de la musique, je buvais. J'éteignais toutes connexions extérieures et me mettais en contact direct avec moi-même. C'était pas tendre. Pour vous faire une idée, je vous livre quelques extraits -les plus acceptables, pardonnez ce reste de pudeur-. Je n'ai touché à rien si ce n'est quelques fautes d'orthographes -qui sont légions dans ce contexte- afin que vous compreniez au mieux. La ponctuation est rare. Comme l'orthographe, elle ne me paraissait pas essentielle.


regard fixe mâchoire serrée à exploser tous muscle tendus à exploser pas un cm carré de calme tout est noir noir noir fureur haine haine haine haine de moi de cette conne de cette merde que je suis


mes mains sur mon front. Mes paumes. Qui tapent qui tapent qui tapent encore et encore et encore. Quelle haine quelle violence y en a trop trop ca déborde ! ca déborde ça vomi de partout de tout les pores de ta peau connasse ! mais t’es qui toi ! t’es qui toi ! se calmer se calmer reprendre son souffle pleurer dégager cette violence. J’arrive pas j’arrive pas à pleurer. Whisky ! le whisky ca aide ca aide à sortir tout ça. Les poing maintenant, les poings sur mon front sur ma tête sur cette tête de grande malade de débile profonde de merde ! et la musique ! la musique canalise la musique canalise la violence. Je frappe moins, j’écris plus ! la musique. Qd lhumour ne suffit plus musique whisky cigarettes. C’est la solution !


Qu’il est laid ce monde.


Alors de morts en morts, de traitements inutiles en opérations invalidantes, de défis -aussi bien professionnels que privés- lamentablement ratés, je survie... jusqu'au jour ou... la petite goutte... et il n'y a plus qu'une chose qui compte: que tout ça s'arrête! Vite! Très vite!


Je le redis, je reste convaincue que le suicide peut être une solution. Dans un tel contexte, rien ne peut laisser présager d'une vie moins douloureuse, rien ne peut laisser penser que le soleil se lèvera demain, éventuellement... Il peut être une solution.


Aujourd'hui, ça va mieux, merci. J'ai raté mon coup et c'est finalement peut-être pas une mauvaise chose. Il y a quelques mois, un de 'ceux qui restent' me demandait si je regrettais. Je ne peux pas répondre. Est-ce que ça valait le coup? Est-ce que j'ai engrangé/engendré plus de bonheur que de souffrance? Le pour, le contre? Comment savoir? Je le saurais le jour de ma mort. Mais ça va mieux merci...

13 commentaires:

  1. Je crois que le suicide est avant tout (et peut-être uniquement) un acte de violence résultant du dégoût que l'on éprouve pour soi-même (et non contre le monde, même si on parvient assez facilement à s'en persuader).

    Je ne sais pas s'il peut être ou non une "solution" (le mot ne me paraît pas adapté), dans la mesure où trouver une solution consiste à résoudre un problème : là, on se "contente" de supprimer le problème. Mais nous sommes là dans un domaine où, par la force des choses, le jugement moral est inopérant et doit donc être suspendu.

    Le petit bonhomme rouge, pour finir : le gros problème de l'alcool, c'est qu'il semble soulager sur le coup, desserrer un peu l'étau, mais qu'il est finalement puissamment anxiogène et ne fait donc qu'aggraver les choses.

    Conseil final : reprenez un peu de soupe au Poireau.

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  2. Dur de lire ce billet. Juste une chose, je suis heureuse que vous alliez mieux.

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  4. Poireau: un partout la balle au centre ;-)

    Didier: Pour soi-même oui... Le regard du reste du monde confirmant cette idée. Du moins, c'est l'interprétation que j'en faisais. Interprétation faussée concernant certaines personnes. Mais ça, je ne l'ai découvert que plus tard.
    Dans un sens, le supprimer, c'est le résoudre...De façon définitive... D'où l'intérêt...
    Quant à l'alcool, c'est tout à fait vrai. Mais dans ces moments là, on tuerait -c'est le cas de le dire- pour quelques minutes de répit. Les conséquences ne sont que secondaires.
    Et pour ce qui est de la soupe au poireau, même si elle ne règle pas tout -restons un minimum objectif...- elle est un goutte à goutte quotidien salvateur. Je me demande même parfois s'il n'y aurait pas un peu de magie dans tout ça...:-)

    Catherine: Je confirme, je vais mieux. J'ai appris... Mais comme disait Jean Gabin: 'Maintenant je sais, je sais qu'on ne sait jamais'

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  6. La soupe en goutte à goutte ????? Mais elle est à enfermer, cette pauv'fille !!!

    Droguée ! SOCIALISTE !!!

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  7. Didier: Si j'avais dit 'a avaler', ça aurait encore dérapé...

    d'ailleurs, je sens que ça va déraper...

    (chouette, chouette ! )

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  8. Poireau: M'en fous! C'est l'Homme qui cuisine...
    (On peut pas le dire ça à un Poireau?)

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  9. Melle Ciguë, la vie, hélas pour certains (certaines) n'est pas une partie de plaisir et quand on se retrouve au bout du rouleau ce n'est pas vraiment facile à vivre...
    Bon courage... je vais revenir, en ce moment ce n'est pas facile....
    Bisous

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  10. Melle Ciguë, bonjour
    Ceci est juste un "coucou" pour une bonne journée...

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  11. Jeffanne: Mon ordi est actuellement décédé, d'où ma réponse pour le moins tardive... Je crois que la vie est ce que l'on en fait. Je crois que je ne suis pas innocente dans la vie que j'ai eue. Elle n'a pas été simple, je n'ai pas eu les soutiens que j'aurais du avoir, mais toujours est-il que je suis seule a m'être mis dans la merde. Je l'ai accepté,j'en ai bouffé parce que quelque part, ça devait m'arranger. Aujourd'hui, la vie pour moi est plus facile (sans être idyllique, faut pas pousser non plus... :-) Et je suppose que je dois aussi y être pour quelque chose... Il y a toujours les mauvais jours mais ils ne sont plus majoritaires... La vie continue quoi... ;-)

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